Les effets bénéfiques des polyphénols du café

Les premiers résultats de l’étude NutriNet Santé montrent que le café est la première source de polyphénols des Français. Quels sont ces polyphénols et quels sont leurs effets sur la santé ?


 

Les différents types de polyphénols

 

L’étude NutriNet-Santé indique que les principales sources alimentaires de polyphénols sont le café (37 %), le thé (34 %), le chocolat (10 %) et les fruits et légumes (7 %). Un symposium sur les polyphénols des plantes s’est tenu en Malaisie en juin 2009. Il confirme que les polyphénols du café sont en majorité des acides chlorogéniques et qu’ils possèdent des propriétés antioxydantes. Le café filtre contient entre 100 et 200 mg d’acides chlorogéniques pour 100 ml. Le plus abondant est l’acide 5-cafeoylquinique qui représente 35-50 % de ces composés, suivi de l’acide feruloylquinique.

 

 

Quelle quantité par tasse ?

 

La concentration en polyphénols est inversement proportionnelle au degré de torréfaction du café, et elle varie de 200 à 550 mg de polyphénols pour une tasse de café. Chaque tasse de café augmente la capacité antioxydante du plasma de 5,5 %. La consommation quotidienne de café apporte 0,5-1 g de polyphénols qui sont absorbés au niveau de l’intestin grêle.

 

Comment sont-ils absorbés par l’organisme ?

 

Les voies d’absorption, de métabolisme et d’excrétion des polyphénols sont complexes et ne sont pas bien connues pour l’instant. On sait toutefois que les acides chlorogéniques du café sont efficacement absorbés et que leur absorption dépend du métabolisme de la microflore intestinale. Beaucoup de métabolites des acides chlorogéniques du café peuvent être mesurés dans le plasma après l’absorption de café.

 

 

Quels effets du café sur la santé ?

Un effet anti-oxydant

Les hypothèses indirectes proviennent pour la plupart de travaux sur l’animal ou sur des lignées cellulaires qui ont montré le rôle des antioxydants dans la protection contre le stress oxydatif. Toutefois, à ce jour, aucune preuve directe chez l’humain n’est disponible et, dans la plupart des cas, les études comparant les effets du café normal et décaféiné sont peu nombreuses.

Une protection contre le diabète de type 2 ?

Diverses études épidémiologiques prospectives ont rapporté que des sujets consommant au moins 4 tasses de café par jour avaient un risque réduit de 30 % environ de développer un diabète de type 2 comparés aux non-consommateurs. Cette association persiste avec le café décaféiné et elle est renforcée par l’ajustement sur la teneur en caféine du café, ce qui suggère que des composés autres que la caféine, comme les acides chlorogéniques, seraient responsables de cet effet. Toutefois les mécanismes impliqués et les composés responsables de cet effet n’ont pas été identifiés.

Des effets sur la tension artérielle

A ce jour, il n’existe que peu de démonstrations « directes » des effets positifs des polyphénols du café sur la santé. On a montré que la caféine seule avait un effet hypertenseur car sa consommation régulière induit une augmentation de 4,16 mm de la pression systolique et de 2,41 mm de la pression diastolique. Par contre le café induit des augmentations de tension artérielle plus modérées, 1,22 mm pour la pression systolique et 0,49 mm pour la pression diastolique. Cette différence pourrait être liée à l’effet anti-hypertenseur compensateur des acides chlorogéniques, comme l’indiquent les études chez l’animal.

Etude sur les maladies cardiovasculaires

Une étude épidémiologique sur la consommation de café et les maladies cardiovasculaires a montré que les femmes qui consomment du café ont un risque cardiovasculaire réduit par rapport à celles qui n’en consomment pas, avec une réduction maximale pour 1 à 3 tasses de café (RR 0,76 ; IC 95 % : 0,64-0,91). De plus, les femmes qui consomment au moins 6 tasses de café quotidiennes ont un risque de mortalité lié à des maladies inflammatoires réduit de 30 %, effet potentiellement lié à la présence des polyphénols antioxydants.

 

 

 

Au niveau du cancer

La consommation de café a un effet préventif dans le cancer colorectal. Dans celui du foie, plusieurs études prospectives incluant un grand nombre de sujets ont retrouvé une association inverse entre la consommation de café et le risque de développer la maladie, en particulier dans les populations à risque élevé. Dans les deux cas, les études ont formulé des hypothèses quant au rôle des antioxydants dans la prévention, induite par la consommation de café. En effet, le dommage oxydatif est incriminé dans plusieurs mécanismes de carcinogenèse et il a été suggéré que le café pourrait efficacement inhiber certaines des voies oxydatives qui mènent au cancer. Ainsi, la consommation de café augmente la concentration de glutathion dans le plasma et le mucus du colon, indiquant une activité de détoxification accrue. Toutefois, aucune preuve directe n’est disponible à ce jour et les comparaisons café normal versus café décaféiné sont peu nombreuses.

En conclusion

Il semblerait que les polyphénols antioxydants retrouvés dans de nombreux aliments et boissons dont le café peuvent aider à préserver la santé et à prévenir un certain nombre de maladies. Le café représente la première source alimentaire d’antioxydants pour de nombreuses populations. Toutefois les données humaines actuelles ne sont pas suffisantes pour conclure avec certitude à un effet protecteur des polyphénols du café.

 


Astrid Nehlig

(
Directrice de Recherche, Inserm U666, Faculté de médecine, Strasbourg)
Santé et Café News 46 – juin 2010


Pour en savoir plus

– Chang AS et al. Symposium on Plant Polyphenols: nutrition, Health and Innovations, June 2009. Nutr Rev 2010 ; 68 : 246-52.
– Site de l’étude NutriNet-Santé : www.etude-nutrinet-sante.fr