Il existe une dépendance à la caféine

Faux : la caféine n’induit pas de dépendance !

 

Le terme « dépendance » correspond à une définition bien précise : « un comportement focalisé vers la recherche et la prise répétée et compulsive d’une substance psychoactive ». En pratique, pour qu’il y ait dépendance, il faut que ces trois critères soient présents :

– une « tolérance » au produit (nécessité d’augmenter progressivement les doses pour maintenir l’effet du produit),

– un « effet renforçateur » (consommer un produit « renforce » l’envie de continuer à en consommer),

– un syndrome de sevrage à l’arrêt de la substance.

La caféine, qui est considérée comme la substance psychoactive la plus consommée dans le monde, ne répond pas à ces critères de « drogue de dépendance ».

Pas de tolérance à la caféine

La tolérance à une substance indique que la dose nécessaire à l’obtention des effets désirés s’accroît progressivement, incitant les sujets à augmenter leur consommation.

La tolérance aux effets cérébraux de la caféine a été étudiée. En particulier, les études ont montré une absence de tolérance pour ces propriétés de la caféine : l’éveil, la vigilance ou la consommation énergétique cérébrale.

Pas d’effet renforçateur

On a étudié si les propriétés stimulantes de la caféine pouvaient induire un maintien de sa consommation. On a observé qu’une dose de caféine apportée par du thé ou du café de 40 à 80 mg (un peu moins d’un expresso) peut avoir un effet renforçateur, alors qu’au-delà, à partir de 100 mg (un peu moins d’un mug de café), on a au contraire une tendance à la réduction du choix ou de la fréquence de consommation de la boisson caféinée.

Que se passe-t-il à l’arrêt de la consommation de café ou de caféine ?

Il peut exister des troubles, essentiellement chez les consommateurs réguliers de café (l’arrêt du week-end par exemple chez les gros consommateurs de café au bureau).

Ces troubles surviennent à l’arrêt brutal chez 10 à 20 % des individus, mais ils ne se produisent pas si la consommation de caféine est réduite progressivement.

Les signes sont très variables d’une personne à l’autre : céphalées, sensation de fatigue, manque de concentration, irritabilité, parfois des nausées. Ils débutent en général 12 à 24 heures après l’arrêt brutal, avec un pic entre 20 et 48 heures.

Pas de stimulation des circuits cérébraux de dépendance aux drogues

Les propriétés addictives des drogues de dépendance (comme la cocaïne, les amphétamines, la morphine, l’alcool, la nicotine…) sont liées à l’activation de la transmission dopaminergique et du métabolisme dans une structure cérébrale spécifique, l’écorce du noyau accumbens.

La caféine n’a pas cet effet aux doses habituelles de la consommation humaine. Pour arriver à une activation de cette région, les études chez le rat on montré qu’il faut leur faire ingérer des doses de 10 à 30 mg/kg, ce qui correspond pour l’homme à 8 à 24 tasses de café en une seule prise !

Pour en savoir plus

– Dews PB et al. Caffeine: behavioral effects of withdrawal and related issues. Food Chem Toxicol 2002 ; 40 : 1257-61.

– Fredholm BB et al. Actions of caffeine on the brain with special reference to the factors that contribute to its widespread use. Pharmacol Rev 1999 ; 51 : 83-133.

– Juliano LM, Griffiths RR. A critical review of caffeine withdrawal: empirical validation of symtoms and signs, incidence, severity and associated features. Psychopharmacology 2004 ; 176 : 1-29.

– Nehlig A. Dependence upon coffee and caffeine: an update. In : Nehlig A, ed. Coffee, tea, chocolate and the brain. USA : CRC Press, Boca Raton (FL), 2004 : 133-146.

– Nehlig A et al. Dose-response study of caffeine effects on cerebral functional activity with a specific focus on dependence. Brain Res 2000 ; 858 : 71-7.

– Quarta D et al. Opposite modulatory roles for adenosine A1 and A2A receptors on glutamate and dopamine release in the shell of the nucleus accumbens. Effects of chronic caffeine exposure. J Neurochem 2004 ; 88 : 1151-8.