On sait depuis longtemps que la caféine, est une substance ergogène qui, à des doses faibles à modérées, améliore la performance sportive et l’endurance. Deux études récentes viennent de montrer que, dans les sports d’équipe, les performances sont encore améliorées si la prise de caféine est associée à celle de sucre.
Les effets ergogènes de la caféine : manifestes dans une grande variété d’activités sportives
Diverses études ont démontré de manière convaincante que l’ingestion de liquides contenant une quantité faible à modérée de caféine (1 à 6 mg/kg de masse corporelle) améliore les performances sportives. Ces gains se manifestent dans un large spectre d’activités sportives parmi lesquelles les activités d’endurance, celles qui comportent des arrêts et des départs, comme les sports d’équipe et de raquette, et les activités demandant une intensité soutenue et prolongée, comme la natation, l’aviron, la course de demi-fond et de fond (1). Ainsi, l’ingestion de 6 mg/kg de caféine améliore la performance des joueurs (sprint, puissance de démarrage et précision des passes) dès les premières phases du jeu pour le rugby (2) et pendant tout le match pour le football (3).
Les sportifs consomment aussi des glucides pour maintenir et améliorer leurs performances
L’ingestion de glucides et de liquides est une stratégie utilisée pour le maintien de la performance dans les sports d’endurance et les sports d’équipe comme le rugby ou le football. Ces deux sports sont caractérisés par des épisodes de course intermittente rapide et par la mise en œuvre d’aptitudes motrices. De plus, les joueurs de rugby sont confrontés à des épisodes spécifiques très intenses incluant la course et le contact physique. La consommation de sucres avant et pendant le match permet le maintien des performances pendant tout le jeu (4).
La co-ingestion de glucides et de caféine améliore encore les performances dans les sports d’endurance
Quelques études ont montré que la co-ingestion de caféine avec une boisson sucrée destinée aux sportifs améliorait davantage les performances que les glucides, les liquides ou les électrolytes absorbés seuls lors d’exercices prolongés à une température élevée (5). De plus, l’amplitude de l’amélioration de la performance lors de la co-ingestion de caféine avec les glucides est comparable à celle qu’on peut mesurer uniquement avec les doses les plus élevées de caféine utilisées (6). Ces effets ont été particulièrement observés dans des sports d’endurance d’intensité élevée comme le cyclisme (7).
L’association glucides-caféine est aussi bénéfique dans les sports d’équipe
Deux études récentes ont montré les bénéfices de l’association glucides-caféine dans deux sports d’équipe, le football et le rugby.
L’étude sur les joueurs de football a inclus 15 participants soumis à 90 min de jeu après l’ingestion de 1,8 g/kg de glucides et de 3,7 mg/kg de caféine. L’ingestion de ce mélange a démarré une heure avant le début du jeu et a été renouvelée toutes les 15 min. L’addition de caféine au mélange d’électrolytes et de glucides a permis d’améliorer la performance au sprint, la puissance des démarrages et la sensation subjective de plaisir des joueurs. En revanche, l’association glucides-caféine n’a pas modifié la précision des passes ni la sensation perçue d’effort. Dans cette étude, la caféine a donc permis de retarder le déclin de certaines performances induit par la fatigue (8).
L’étude sur les rugbymen a été réalisée sur 8 participants après l’ingestion d’une dose de 4 mg/kg de caféine et de 1,2 g/kg de glucides. La caféine n’a été ingérée qu’une seule fois une heure avant le début de l’exercice, alors que l’ingestion des glucides a été répétée régulièrement pendant la période d’activité. Les tests d’exercice intermittent ont comporté de la marche et du jogging à des intensités prédéterminées, des périodes de contact, un test soutenu et intense de rapidité et d’agilité et un sprint de 15 m. L’association glucides-caféine accroît la vitesse au sprint et les performances motrices mais n’affecte pas la sensation perçue d’effort (9).
En résumé
L’association glucides-caféine semble bénéfique dans le contexte d’activités sportives demandant un effort intense et prolongé, des démarrages rapides et de la précision. Le mélange absorbé n’affecte pas la balance hydrique corporelle globale ce qui confirme que la caféine n’influence pas l’état d’hydratation si elle est absorbée avant et pendant l’exercice physique. Les études ont été réalisées sur un nombre limité d’individus sur certains sports d’endurance, et aucune d’entre elles n’a tenté d’explorer le mécanisme potentiel sous-jacent à l’effet conjugué des glucides et de la caféine sur l’effort et les performances.
Astrid Nehlig
Directrice de Recherche, Inserm U666, Faculté de médecine, Strasbourg
Santé et Café News 47 – août 2010
Pour en savoir plus
1. Burke LM. Caffeine and sports performance. Appl Physiol Nutr Metab 2008 ; 33 : 1319-34.
2. Stuart GR et al. Multiple effects of caffeine on simulated high-intensity team-sport performance. Med Sci Sports Exerc 2005 ; 37 : 1998-2005.
3. Foskett A et al. Caffeine enhances cognitive function and skill performance during simulated soccer activity. Int J Sport Nutr Exerc Metab 2009 ; 19 : 410-23.
4. Winnick JJ, et al. Carbohydrate feedings during team sport exercise preserve physical and CNS function. Med Sci Sports Exerc 2005 ; 37 : 306-15.
5. Millard-Stafford ML et al. Hydration during exercise in warm, humid conditions: effect of a caffeinated sports drink. Int J Sport Nutr Exerc Metab 2007 ; 17 : 163-77.
6. Cox GR et al. Effect of different protocols of caffeine intake on metabolism and endurance performance. J Appl Physiol 2002 ; 93 : 990-9.
7. Cureton KJ et al. Caffeinated sports drink: ergogenic effects and possible mechanisms. Int J Sport Nutr Exerc Metab 2007 ; 17 : 35-55.
8. Gant N et al. The influence of caffeine and carbohydrate coingestion on simulated soccer performance. Int J Sport Nutr Exerc Metab. 2010 ; 20 : 191-7.
9. Roberts SP et al. Effects of carbohydrate and caffeine ingestion on performance during a rugby union simulation protocol. J Sports Sci 2010 ; 28 : 833-42.