De l’Orient à l’Europe, le voyage du café

De la découverte du café en Ethiopie et au Yémen, à sa culture dans les îles françaises…, voici les grandes étapes du voyage du café jusqu’à nos tasses.

Des plants de café « sauvages » d’Ethiopie, en passant par sa culture au Yémen, son usage lors des pèlerinages de La Mecque, où les pèlerins le dégustent dans les tous premiers débits de café, et son arrivée à Constantinople, avec l’ouverture d’établissements spécialisés dès 1554, le café part ensuite à la conquête de l’Europe…

 

Vers 1615, les navires de la flotte vénitienne amènent les premiers sacs de café à Venise. Sa consommation s’étend à l’Italie, puis à l’Allemagne, à l’Angleterre et à la France. Durant la deuxième moitié du XVIIème siècle, cette nouvelle boisson va séduire tous les pays d’Europe, avant les Amériques.

Le café arrive en France en 1644à Marseille, grâce à unvoyageur de retour de Constantinoplequi en apporte quelquesgrains. Mais le café ne fait sonentrée officielle en France qu’en1669. L’ambassadeur de Turquieen offre à la cour du roi Louis XIV, et les nobles et riches bourgeoisapprécient très vite sesqualités gustatives.

 

En 1672, le premier débit de café ouvre à Paris.Les Parisiens s’yretrouvent pour déguster lebreuvage jusqu’alors réservé àla noblesse. Mais celui qui lancevéritablement la vogue descafés est un gentilhomme dePalerme du nom de FrancescoProcopio dei Coltelli, qui ouvrirale fameux café « Procope » à Paris en1684.

 

Jusqu’au début du XVIIème siècle, l’Arabie a le monopolede laproduction de café et interditd’exporter des plants. Elle aen effet compris l’intérêt de le vendre aux Occidentaux, et endébute le commerce en prenantbien soin d’ébouillanter lesgraines afin d’éviter la replante.

 

En 1690, le Hollandais Nikolaus Witten accoste sur les côtes de Moka, débarque une quarantaine d’hommes qui font une véritable razzia dans une plantation. Les graines volées sont plantées dans les Indes néerlandaises et un arbuste est envoyé en Hollande : planté en serre au jardin botanique d’Amsterdam, il pousse parfaitement, fleurit et donne des graines ; ce sera le point de départ de l’essor du café dans les colonies hollandaises.

 

Et le café revient en France.Cette fois-ci, il s’agit de quelquesplans que le bourgmestre d’Amsterdamoffre à Louis XIV, en1713, à l’occasion de la Paixd’Utrecht. Ils sont confiés à Jussieu,conservateur du Jardin duRoi, actuel Jardin des Plantes. Les caféiers sont officiellement présentés le 29 juillet1714 ; ils mesurent 1,60 m et leur tronc affiche un diamètre de 2,7 cm !

 

Louis XIV demande que l’on transporte quelques plants dans les colonies antillaises. Il souhaite qu’on y cultive lecafé pour permettre à la Francede s’approvisionner librement.En 1721, un capitaine en garnisonà la Martinique, GabrielMathieu de Clieu, demande quelui soient confiés des caféiers.Il part avec deux arbres calés dansune caisse faisant office deserre. La traversée est mouvementée,tempêtes, abordage,manque d’eau… Clieu doit surveillerconstamment son bien,dort à ses côtés, et partagemême sa ration d’eau avec leseul plan qu’il a pu sauver…

Ayant enfin touché terre, il plante son arbuste qui sera à l’origine d’une nombreuse descendance… L’histoire finit bien puisqu’en récompense de ses loyaux services aux îles, il est nommé gouverneur de la Guadeloupe en 1730.

 

La culture du café se propagera ensuite en Amérique centrale et en Amérique latine. Et la fin de l’esclavage mettra en difficulté la production caféière aux Antilles. Le Brésil prend alors le relais et devient le premier producteur mondial de café au début du XXème siècle.