Si vous buvez régulièrement du café, vous êtes probablement attaché à votre « noir » du matin et à ce sentiment de bien-être qui vous envahit dès la première gorgée. Cet apaisement est dû à la compensation du manque qui suit une longue période sans café : le syndrome de sevrage. Mais selon une étude, parue dans le Journal of Psychopharmacology, il se pourrait que le décaféiné ait le même effet qu’un café classique sur les symptômes du manque.
Pour ce faire, les scientifiques de l’université de Sydney ont contraint de gros buveurs de café à l’abstinence durant 24 heures. Ils leur ont ensuite servi du café, du décaféiné ou de l’eau. Les participants ont alors déclaré ressentir une baisse du manque et l’effet excitant du café qu’il soit caféiné ou pas. Ceux qui avaient bu de l’eau en revanche, ont signalé une persistance du manque.
Le plus étonnant est que même les candidats étant conscients qu’ils avaient bu un décaféiné rapportaient une baisse significative des symptômes de sevrage ! Le décaféiné réduit donc les effets du sevrage alors même qu’il ne contient pas d’ingrédient actif et que les participants sont conscients qu’il ne s’agit pas d’un café normal.
Effet placebo
Selon les auteurs, cet effet placebo résulterait d’années de conditionnement au café. Toutes les sensations du café comme l’odeur des grains, le bruit de la cafetière ou la chaleur de la tasse ont peu à peu été associées aux effets physiologiques qui suivent la consommation du café. C’est donc cette association, renforcée par la répétition, qui réduit le syndrome de sevrage.
Cette étude est donc intéressante pour des addictions aux drogues par exemple. Il est évidemment interdit aux médecins de tromper leurs patients en leur donnant un placebo alors qu’ils pensent recevoir un médicament. Mais, selon les auteurs, avec cette découverte il serait possible de réduire les effets de sevrage grâce à des placebos ouverts. Ainsi les patients pourraient bénéficier d’une réduction du syndrome de sevrage, en étant conscients de recevoir un placebo. D’autres travaux seront bien sûr nécessaires pour approfondir cette piste.
L’étude est à retrouver sur le site du Journal of Psychopharmacology.