Nombre d’entre nous consomment un café après le déjeuner pour ses « vertus digestives » mais, paradoxalement, les effets du café sur la digestion ont été assez peu étudiés. Que sait-on à ce jour sur ces propriétés ?
Au niveau de l’estomac et de l’œsophage
• La caféine stimule la sécrétion acide gastrique.
Cet effet, associé à une réduction possible de la formation du mucus, peut expliquer une sensibilité particulière de certaines personnes et la survenue de dyspepsie chez les patients atteints d’ulcères gastro-duodénaux.
A noter qu’aucun travail n’a relié la survenue d’ulcère ou d’infection à Helicobacter pylori à la consommation de café (2, 3). Des études sur des rats ont montré que la caféine pourrait avoir un rôle protecteur dans la survenue d’ulcérations gastriques aiguës induites par les AINS (4).
• Dans les heures qui suivent son absorption, le café n’affecte ni la motricité de l’œsophage, ni la pression du sphincter inférieur de l’œsophage ; ce qui contredit les idées reçues sur un possible effet du café dans le RGO (1, 5). De même, aucune étude n’a montré que le café aurait une influence sur la vitesse de vidange gastrique (1).
Au niveau de la vésicule biliaire et du pancréas
• Le café comme le décaféiné stimulent la sécrétion de cholécystokinine (CCK), la production de bile, la contractilité de la vésicule biliaire et le relâchement du sphincter d’Oddi, libérant ainsi la bile dans le duodénum.
• L’ingestion de café (à un degré moindre de décaféiné) augmente la sécrétion pancréatique exocrine. Cet effet est lié à l’effet du café sur la CCK (1).
Au niveau de l’intestin
• Le café n’affecte pas la motricité de l’intestin grêle, mais agit sur celle du colon (1, 6). Une étude chez 99 volontaires sains a montré que 29 % décrivent un besoin impérieux de déféquer après l’ingestion d’une tasse de café, suggérant une stimulation de la motricité colique. Chez ces personnes, on a observé une stimulation de l’activité motrice au niveau de la portion rectosigmoïde, entre 4 et 30 min après la consommation de café. Une autre étude a confirmé que le café stimule l’activité motrice du colon à 60 % de plus qu’un verre d’eau, autant que l’absorption de céréales et 23 % de plus que le décaféiné.
• Un travail réalisé chez 16 sujets sains a montré que la consommation d’une préparation de café provenant d’une extraction aqueuse de grains de café vert et torréfié augmente l’activité métabolique et la taille de la population de Bifidobacterium, sans impact significatif sur la flore dominante (7).
Pour en savoir plus
1. Boekema PJ et al. Coffee and gastrointestinal function: facts and fiction. Scand J Gastroenterol 1999 ; 99 : 35-9.
2. Eisig JN et al. Coffee drinking in patients with duodenal ulcer and a control population. Scand J Gastroenterol 1989 ; 24 : 796-8.
3. Gikas A et al. Relationship of smoking and coffee and alcohol consumption with seroconversion to Helicobacter pylori: a longitudinal study in hospital workers. J Gastroenterol Hepatol 2004 ; 19 : 927-33.
4. Koyama R et al. Effect of caffeine on ibuprofen-induced gastric mucosal damage in rats. J Pharm Pharmacol 1999 ; 51 : 817-24.
5. Dore MP et al. Diet, lifestyle and gender in gastro-esophageal reflux disease. Dig Dis Sci 2008 ; 53 : 2027-32.
6. Rao SS et al. Is coffee a colonic stimulant? Eur J Gastroenterol Hepatol 1998 ; 10 : 113-8.
7. Jaquet M et al. Impact of coffee consumption on the gut microbiota: a human volunteer study. Int J Food Microbiol 2009 ; 130 : 117-21.