La contribution du café au maintien de l’activité cognitive au cours du vieillissement est un sujet de recherches très exploré. Trois nouvelles études viennent d’être publiées, en particulier une le rôle d’une enzyme ubiquitaire dans l’association café/cognition et une autre spécifiquement chez les femmes.
Café et cognition chez l’adulte âgé en association avec les taux de phosphatase alcaline
Un groupe chinois vient d’étudier les effets de la consommation de café et de caféine sur la cognition chez des adultes âgés (2), avec un focus particulier sur le rôle du café en tant que médiateur potentiel des taux de phosphatase alcaline (PAL). Il existe divers sous-types de cette enzyme dont l’un est particulièrement augmenté dans les maladies neurodégénératives alors qu’on ne le retrouve pas dans le vieillissement normal. Ce pattern différentiel d’expression en fait un biomarqueur potentiel du déclin cognitif pathologique.
Les auteurs ont repris les données de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) de 2011 à 2014, impliquant 2 254 participants âgés d’au moins 60 ans. La performance cognitive a été évaluée à l’aide d’un score composite dérivé du Consortium to Establish a Registry for Alzheimer’s Disease (CERAD), de l’Animal Fluency Test (AFT) et du Digit Symbol Substitution Test (DSST). La relation causale entre la consommation de café et de caféine et les niveaux de PAL a été étudiée à l’aide de diverses méthodologies.
L’étude NHANES a révélé que, par rapport aux non-consommateurs, les individus consommant plus de 478 ml/jour de café avaient un risque réduit de 42 % et de 30 % d’avoir respectivement des scores CERAD et DSST bas (marqueurs d’Alzheimer). Une comparaison du quartile inférieur avec le quartile supérieur de la PAL montre un accroissement de 45 à 82 % de la sous-unité recherchée ce qui indique une corrélation positive entre la quantité de café consommée et la performance cognitive retrouvée dans les scores CERAD, AFT et DSST. Les études de randomisation mendélienne (RM) montrent que 8 sous-types d’ALP sont des facteurs protecteurs de la performance cognitive. La consommation de café/caféine augmente les taux d’ALP. Finalement, le gène IGFLR1 manifeste une colocalisation modérée avec la PAL, ce qui suggère une signification thérapeutique potentielle.
Les auteurs en ont conclu qu’il y a une corrélation positive entre la consommation de café/caféine et la performance cognitive, en particulier la mémoire et la vitesse de traitement de l’information, chez l’adulte vieillissant. Cet effet est particulièrement marqué avec une consommation élevée de café/caféine. La PAL pourrait contribuer à cette relation. Ces données soulignent l’importance de prendre en considération les facteurs nutritionnels dans le management de la santé cognitive dans les populations vieillissantes.
Café et cognition chez les adultes américains âgés d’au moins 60 ans
Une étude chinoise (3) a repris la recherche de l’association entre la consommation de caféine et son association avec la fonction cognitive sur une autre population d’adultes américains âgés d’au moins 60 ans (3). Le postulat de cette étude est que la caféine est souvent consommée comme stimulant du système nerveux central et qu’on lui attribue des effets neuroprotecteurs.
Cette étude transversale a été réalisée sur 2461 adultes américains âgés d’au moins 60 ans à partir des données de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) sur un cycle de 2011 à 2014. La consommation de caféine a été estimée sur la base du rappel des quantités ingérées sur les dernières 24 h et la fonction cognitive a été évaluée à l’aide d’un score composite dérivé du Consortium to Establish a Registry for Alzheimer’s Disease (CERAD), de l’Animal Fluency Test (AFT) et du Digit Symbol Substitution Test (DSST).
Les auteurs ont observé qu’une consommation plus élevée de caféine était significativement associée à un risque moindre de fonction cognitive dégradée. Chaque augmentation d’ingestion de caféine de 80 mg/jour était associée à un risque réduit de 12 %. Les individus du quartile le plus élevé en termes de consommation de caféine voyaient leur risque de fonction cognitive dégradée réduit de 42,5 % comparés à ceux du quartile le plus bas. Les analyses ont révélé une association inverse essentiellement linéaire entre la prise de caféine et une fonction cognitive dégradée. De plus, ces mesures se sont avérées robustes dans les analyses de sous-groupes et de sensibilité.
En conclusion, une consommation élevée de caféine est reliée à la qualité des fonctions cognitives supérieures chez les adultes vieillissants. Des études longitudinales sont nécessaires pour déterminer la causalité.
Caféine et vieillissement en bonne santé chez les femmes
Un groupe de chercheurs en épidémiologie très renommé de l’Université américaine de Harvard (1) a recherché l’association entre la consommation de caféine à la maturité (45-60 ans) et la probabilité d’un vieillissement en bonne santé (VBS) chez les femmes âgées de la Nurse’s Health Study (NHS). Cette étude vient d’être présentée au congrès Nutrition 2025 à Orlando.
L’étude a été réalisée sur un total de 47 513 femmes de la NHS dont les données diététiques et de santé ont été collectées sur 30 ans, depuis 1984. La consommation de caféine a été établie en utilisant des questionnaires de fréquence alimentaire (FFQs) validés qui distinguaient le café normal et le décaféiné, le thé et le cola, avec des expositions de base calculées à partir des moyennes de consommation des FFQs de 1984 et 1986. Le VBS a été défini comme la vie jusqu’à un âge ≥ 70 ans, sans être atteint des 11 maladies cardiovasculaires majeures chroniques (MCMC), sans limitation des fonctions physiques (LFP), sans altération de la santé mentale ou cognitive (ASM), sans plainte mémorielle (PPM) sur les questionnaires de 2014/2016. Les auteurs ont basé leurs calculs sur un contenu en caféine de 80 mg/jour pour 240 ml de café, thé et décaféiné et de 360 ml pour le cola. Les données ont été ajustées pour l’âge, l’IMC, le tabac, l’alcool, l’activité physique et l’éducation.
En 2016, 3 706 femmes ont rempli tous les critères de la définition de VBS. Pendant leur maturité (45-60 ans), ces femmes ont consommé environ 315 mg de caféine/jour (soit 3 tasses de café) dont 80 % étaient liés à la consommation de café normal. Après 30 ans de suivi, la consommation totale de caféine était faiblement associée à une probabilité plus élevée de VBS (1-2 % d’augmentation en moyenne pour chaque tasse supplémentaire de 240 ml de café et dans chacune des pathologies étudiées, MCMC, LFP, ASM et PPM). Au total, la consommation régulière de café était associée à une probabilité plus élevée de VBS de 5 % pour la consommation de chaque tasse supplémentaire et de 2 à 5 % pour chacun des domaines de VBS étudiés. Aucune différence n’a été observée avec le café décaféiné et le thé. La consommation de cola avait des conséquences largement négatives avec une baisse de 19 % de VBS pour chaque portion supplémentaire ingérée et une baisse générale de 20 à 26 % pour le VBS de chacune des pathologies étudiées.
Les auteurs en ont conclu que la consommation de café normal pendant la maturité était modestement, mais favorablement associée avec le VBS dans tous les domaines de santé chez les femmes. Aucune association n’a été observée avec le thé et le café décaféiné alors que la consommation de cola était associée à une probabilité réduite de VBS dans tous les aspects de santé.