Des études récentes mettent en évidence que les effets bénéfiques du café sur les fonctions cérébrales sont liés à une meilleure préservation de la microstructure cérébrale au cours du vieillissement. Le café permet aussi une réduction de la dépression dans les douleurs chroniques et chez la femme en phase de post-partum.
Diverses études ont mis en évidence des associations entre une consommation régulière de café et certaines maladies neurodégénératives. Par contre, l’association avec des altérations microstructurales cérébrales n’est pas bien connue. Dans ce contexte, un groupe de chercheurs allemands a examiné l’association entre la consommation de café et les paramètres IRM cérébraux représentatifs du dommage vasculaire cérébral, de la neurodégénérescence et de l’intégrité microstructurale chez 2316 participants de la population-based Hamburg City Health Study (1). Les auteurs ont mesuré l’épaisseur du cortex, l’hyperintensité de la matière blanche et son intégrité microstructurale selon des séquences IRM établies. La consommation quotidienne de café a été stratifiée en 5 niveaux (<1 tasse, 1-2 tasses, 3-4 tasses, 5-6 tasses, >6 tasses). À l’aide de régressions linéaires multiples, les auteurs ont examiné l’association entre les paramètres IRM cérébraux et la consommation de café (comparé au groupe référence <1 tasse/jour).
Après ajustement, 3-4 tasses de café quotidiennes étaient associées (i) à la baisse d’un marqueur relié à des dommages des petits vaisseaux reflétant une réduction des dommages cérébraux diffus (p = 0,028) et (ii) à un accroissement de l’épaisseur du cortex (p = 0,015) par rapport au groupe consommant moins d’une tasse. La réduction du dommage des vaisseaux est observée pour la consommation de 1-2 tasses de café quotidiennes (p = 0,022) alors que la différence n’est pas significative aux autres niveaux de consommation (p > 0,05). Ces découvertes indiquent que la consommation régulière de café est positivement associée à l’intégrité microstructurale de la matière blanche et à l’épaisseur corticale. Des recherches complémentaires permettraient de déterminer les effets longitudinaux du café sur la microstructure du cerveau.
Réduction de la dépression et l’anxiété associées aux douleurs chroniques
Une relation bidirectionnelle a été observée entre la douleur chronique (DC) et les problèmes mentaux, et le café est considéré comme étant associé aux deux. Toutefois, le rôle du café sur cette relation bidirectionnelle n’est pas connu. C’est l’objet de cette analyse sur la relation entre la DC et la dépression et l’anxiété, réalisée par une équipe chinoise sur un total de 376 813 participants de la UK Biobank (2). Les auteurs ont constaté des associations significatives entre la consommation de café et l’interaction entre la DC et la dépression et l’anxiété. Ils ont observé une association entre la DC multisite (DCM) et la dépression ressentie par les individus (p = 0,001) ainsi qu’une association entre la DCM et le syndrome d’anxiété généralisée-7 (GAD-7, échelle utilisée pour la détection des troubles anxieux) (p = 0,004) ; et ces associations sont significativement réduites chez les consommateurs de café comparés aux non-consommateurs. De plus, dans les analyses stratifiées par genre, les auteurs ont observé que la consommation de café réduisait davantage l’association entre les céphalées (βhomme = 0,392, βfemme = 0,214, p = 0,022) ou les douleurs de hanche (βhomme = 0,480, βfemme = 0,191, p = 0,021) et l’état dépressif ressenti chez les femmes ainsi que chez les hommes. Ces résultats suggèrent que le café agit en induisant une réduction de l’effet réciproque de la dépression et de l’anxiété sur la douleur chronique.
Un post-partum plus serein avec le café
Une étude épidémiologique transversale chinoise vient de s’intéresser à l’association entre la consommation de café et de caféine et les symptômes dépressifs chez la femme en post-partum (3). Au total, 821 femmes en post-partum qui remplissaient les critères d’inclusion ont été interviewées. Les données ont été extraites de la National Health and Nutrition Examination Survey.
La consommation de café ainsi que 11 autres variables pouvant interférer dans l’analyse ont été considérées et analysées. Les conséquences de la consommation de café total, caféiné ou décaféiné sur l’état dépressif des parturientes ont été étudiées. De plus, des analyses de sous-groupes ont concerné l’ethnie, l’allaitement et la période de post-partum. Les résultats montrent que la consommation de café générique et caféiné a un effet protecteur potentiel antidépresseur chez les femmes en post-partum. La consommation quotidienne de plus de 3 tasses de café pourrait réduire de 11 % le risque de dépression post-partum, en particulier dans la période de 1-2 ans post-partum, chez les femmes blanches ainsi que chez les femmes non-allaitantes. La consommation de café décaféiné n’a aucun effet mesurable sur la dépression post-partum.
Pour en savoir plus :
- Mayer C, Nägele FL, Petersen M et al. Association between Coffee Consumption and Brain MRI Parameters in the Hamburg City Health Study. Nutrients 2023 ; 15 : 674. doi: 10.3390/nu15030674.
- Qin X, Li C, Wei W et al. Assessing the association of coffee consumption on the relationship of chronic pain with depression and anxiety. Nutr Neurosci 2023 ; 3 :1-11. doi: 10.1080/1028415X.2023.2175412.
- Wang Y, Wang Z, Gui P et al. Coffee and caffeine intake and depression in postpartum women: A cross-sectional study from the National Health and Nutrition Examination Survey 2007-2018. Front Psychol 2023 ; 14 : 1134522. doi : 10.3389/fpsyg.2023.1134522.