Du café contre les AVC, les démences, Alzheimer… : les résultats s’enchaînent

Le rôle du café dans la diminution des facteurs de risque précoces de développer un AVC, une démence ou un déclin cognitif est l’objet de recherches actives pour tenter d’établir si la consommation de café pourrait prévenir ou retarder l’apparition de ces pathologies.

L’accident vasculaire cérébral (AVC) est un risque critique de santé chez l’adulte au niveau mondial. En dépit d’une connaissance assez extensive de mitigation des facteurs de risque, il n’existe pas de prévention primaire chez l’individu en bonne santé. Ainsi, l’association entre le risque d’AVC et la consommation de café chez l’individu en bonne santé n’a pas été établie. Une équipe taiwanaise vient de réaliser une méta-analyse des études de cohorte prospectives sur ce point (1). Les AVC ont été classés en trois catégories : AVC généralisé, AVC hémorragique, et AVC ischémique. Les auteurs ont inclus sept grandes études sur le long terme comprenant un suivi de cohortes de populations en bonne santé. En comparant la consommation la plus faible de café dans chaque étude, la méta-analyse a révélé une réduction de 8 % (P = 0,035) du risque d’AVC généralisé au cours de la période de suivi. Dans les études comportant une définition claire de l’AVC hémorragique et ischémique, la consommation de café réduisait plus efficacement le risque d’AVC ischémique (- 17 % ; P < 0,001) que d’AVC hémorragique (- 10 % ; P < 0,001). Aucun effet dose-dépendance ou de courbe en U n’a été observé. En conclusion, la consommation réduit le risque d’AVC, en particulier d’AVC ischémique. Des études complémentaires restent nécessaires pour identifier les composés du café pouvant être à l’origine de cet effet, comme la caféine et/ou les polyphénols.

Dans autre autre étude de cohorte prospective d’une durée de 8 ans, un groupe japonais a recherché le rôle préventif potentiel du café, du thé vert et de la caféine contre le développement d’une démence dans une population mature et âgée (2). Les participants à l’étude étaient les membres d’un même quartier (n = 13 757) âgés de 40-74 ans et leur consommation de café/thé/caféine a été évaluée à l’aide d’un questionnaire. Les auteurs ont observé 309 cas de démence au cours de la période de suivi de 20 ans. Les participants avec la consommation de café la plus élevée (≥ 326 ml/jour) ont un risque moyen diminué de 51 % de développer une démence par rapport à ceux qui consomment le moins de café (< 26 ml/jour, valeur de référence). De même, les participants avec la consommation la plus élevée de caféine voyaient leur risque réduit par rapport à la valeur de référence (p = 0,0004). Ces associations étaient significatives chez les hommes mais pas chez les femmes. De plus, les participants qui consommaient 2-2,9 et plus de ≥ 3 tasses de café/jour voyaient leur risque de démence réduit respectivement de 31 % et 47 % comparés à ceux qui ne consommaient pas de café. L’association entre la consommation de thé vert et la réduction du risque de démence n’était significative que dans le groupe des 60-69 ans (p = 0,0146). En résumé, la consommation de café et de caféine est associée à une diminution significative, dose-dépendante du risque de démence, en particulier chez les hommes avec une réduction d’environ 50 % pour 3 tasses quotidiennes.

En lien avec l’étude précédente, une revue récente provenant d’un groupe sino-britannique (3) a considéré l’ensemble des études réalisées sur l’association entre la consommation de café et la démence, plus spécifiquement la maladie d’Alzheimer (MA). Les auteurs ont conclu que sur la base des études épidémiologiques et expérimentales, la consommation modérée et régulière de caféine pourrait permettre de prévenir ou de retarder le début d’une MA et représenter une approche thérapeutique possible. Toutefois, selon cette revue, le nombre d’études reste encore insuffisant et les résultats des études trop hétérogènes pour qu’il soit possible de faire cette recommandation.

En relation avec les articles précédents, un travail très récent provenant d’un groupe sino-américain (4) a réalisé une étude de cohorte sur les données de la UK Biobank concernant les effets de la consommation de café et de thé séparément ou ensemble, sur l’AVC, la démence et la démence post-AVC. L’étude a inclus 362 682 participants âgés de 50 à 74 ans avec un suivi de 10 à 14 ans. Pendant la durée médiane de suivi (11,4 ans), 5 079 participants ont développé une démence et 10 053 un AVC. Comparés aux non-consommateurs, les consommateurs de 2-3 tasses de café ou de thé par jour avaient une diminution de risque de 32 % de développer un AVC et une baisse de 28 % du risque de démence. La combinaison de café et de thé était encore plus bénéfique pour la prévention des deux pathologies. La consommation de café seul ou associé au thé à hauteur de 3-6 tasses/jour a induit la plus forte réduction de risque de démence post-AVC, soit 48 %. Ce travail représente la première étude concernant les effets de la consommation mixte de café et de thé combinés sur le développement de ces pathologies neurodégénératives.

Enfin, une équipe espagnole s’est intéressée au rôle du régime alimentaire sur le déclin cognitif (5). Cette étude concerne le suivi à long-terme de la cohorte des Trois-Villes et a repris les données provenant des cohortes de Bordeaux (n = 418) et de Dijon (n = 424) chez des individus âgés de plus de 65 ans à leur entrée dans l’étude. Le déclin cognitif a été évalué à l’aide 5 tests neuropsychologiques. Le métabolome provenant de l’apport alimentaire et du microbiote a été étudié chez les participants qui étaient en bonne santé au moment du recrutement et étaient suivis pendant 12 ans. Une association protectrice a été trouvée entre les métabolites dérivés du cacao, du café, des champignons, du vin rouge, le métabolisme microbien des produits riches en polyphénols, et le déclin cognitif, alors qu’une association négative a été observée avec les métabolites résultant d’aliments « mauvais » pour la santé comme les édulcorants artificiels et l’alcool. Ces données prospectives mettent le doigt sur les le rôle potentiel des métabolites précoces issus des produits riches en polyphénols et ceux dérivés du microbiote qui pourraient jouer un rôle critique au niveau du risque ultérieur de développer un déclin cognitif. Elles pourraient permettre d’identifier les cibles potentielles pour des stratégies préventives et thérapeutiques permettant de préserver la réserve cognitive.

Pour en savoir plus :

  1. Chan L, Hon CT, Bai CH. Coffee consumption and the risk of cerebrovascular disease: a meta-analysis of prospective cohort studies. BMC Neurol 2021 ; 21 : 380.
  2. Matsushita N, Nakanishi Y, Watanabe Y et al. Association of coffee, green tea, and caffeine with the risk of dementia in older Japanese people. J Am Geriatr Soc 2021. doi: 10.1111/jgs.17407.
  3. Zhou X, Zhang L. The Neuroprotective Effects of Moderate and Regular Caffeine Consumption in Alzheimer’s Disease. Oxid Med Cell Longev 2021 : 5568011.
  4. Zhang Y, Yang H, Li S et al. Consumption of coffee and tea and risk of developing stroke, dementia, and poststroke dementia: A cohort study in the UK Biobank. PLoS Med 2021 ; 18 : e1003830.
  5. González-Domínguez R, Castellano-Escuder P, Carmon F et al. Food and Microbiota Metabolites Associate with Cognitive Decline in Older Subjects: A 12-Year Prospective Study. Mol Nutr Food Res 2021 ; e2100606.