Depuis 2002, plus d’une vingtaine d’études ont été consacrées à la relation entre la consommation de café et le risque de développer un diabète de type 2 ou “diabète gras”. Toutes, sauf 3, ont mis en évidence une association inverse, avec un risque substantiellement réduit par une consommation fréquente de café par rapport à la non-consommation.
Cette association inverse est retrouvée de manière constante dans diverses populations américaines, européennes et japonaises. De plus, la relation est renforcée par l’ajustement pour l’ensemble des facteurs de confusion potentiels.
Cette association inverse est similaire chez les hommes et les femmes, de même que chez les individus obèses et non obèses.
Un effet dose-dépendant
La plupart des études suggèrent une courbe dose-réponse avec des réductions du risque de développer un diabète plus importantes pour une consommation de café plus élevée. En raison de la difficulté d’estimer avec précision la consommation de café (notamment du fait de la variabilité de la taille de la tasse et de la force de la boisson), il est difficile de déterminer avec précision la réduction du risque en fonction du niveau de consommation.
De manière générale, la consommation d’au moins 4 tasses quotidiennes a été associée à une baisse substantielle du risque de développer un diabète de type 2 (environ 30 à 40 % par rapport aux non-consommateurs), alors que les données sont plus variables pour des consommations plus faibles (1, 2).
Le décaféiné : aussi efficace
Cinq études américaines et une étude anglaise ont examiné les effets du café décaféiné. Toutes ont observé une association inverse significative entre le café décaféiné et le risque de développer un diabète de type 2, montrant que des composants du café autres que la caféine sont responsables de cet effet.
Les antioxydants pourraient être responsables
Les antioxydants, comme l’acide chlorogénique et les quinides, sont des candidats potentiels pour cet effet. De manière générale, les antioxydants réduisent la quantité de radicaux libres qui activent des voies sensibles au stress métabolique. Ces voies peuvent générer une résistance à l’insuline, la perturbation de la sécrétion d’insuline et le dysfonctionnement des cellules bêta pancréatiques (3).
De manière plus spécifique, l’acide chlorogénique peut affecter le métabolisme du glucose de différentes manières. Il augmente la sensibilité à l’insuline, inhibe l’absorption de glucose, et inhibe ou réduit l’action de l’alpha-glucosidase et de la glucose-6-phosphatase, enzymes qui permettent la digestion des glucides. Les quinides interviennent également au niveau de l’homéostasie glucidique (1, 2).
Le magnésium, autre candidat
Chaque tasse de café contient environ 7 mg de magnésium, un micronutriment impliqué dans l’homéostasie glucidique. Des données préliminaires montrent une association entre un faible apport en magnésium et la résistance à l’insuline (2).
Les effets du thé : plus limités
L’effet préventif du diabète de type 2 observé avec le café est plus marqué que celui observé avec le thé. Sur une dizaine d’études concernant les effets du thé, la majorité n’a pas observé de relation claire entre la consommation de thé et le risque de développer un diabète de type 2. Quand elle est observée, la diminution du risque est souvent liée à la nature du thé (vert, oolong ou noir) et elle est en général limitée, aucun effet n’étant noté en dessous de 4 tasses quotidiennes (3-5).
En conclusion
La consommation de café – contenant ou non de la caféine – a été associée à une diminution similaire du risque de développer un diabète de type 2.
Des études expérimentales restent nécessaires pour identifier les constituants responsables de cet effet.
Astrid Nehlig (Directrice de Recherche,Inserm U666,faculté de médecine,Strasbourg)
Santé & Café n° 27 – décembre 2009
Pour en savoir plus :
1. van Dam RM. Coffee consumption and risk of type 2 diabetes, cardiovascular diseases, and cancer. Appl Physiol Nutr Metab 2008 ; 33 : 1269-83.
2. Pimentel GD et al. Does long-term coffee intake reduce type 2 diabetes mellitus risk ? Diabetol Metab Syndr 2009 ; 1 : 6.
3. van Dieren S et al. Coffee and tea consumption and risk of type 2 diabetes. Diabetologia 2009 Sep 1, Epub ahead of print.
4. Jing Y et al. Tea consumption and risk of type 2 diabetes: a metaanalysis of cohort studies. J Gen Intern Med 2009 ; 24 : 557-62.
5. Oba S et al. Consumption of coffee, green tea, oolong tea, black tea, chocolate snacks and the caffeine content in relation to risk of diabetes in Japanese men and women. Br J Nutr 2009 Oct 12, Epub ahead of print.