Les effets bénéfiques de la consommation de café sur les performances cognitives de la population vieillissante sont bien établis. Par contre, peu de choses sont connues dans les populations fragilisées par une pathologie sous-jacente, comme la fibrillation atriale, testée dans ce travail.
La fibrillation atriale (FA) est un facteur de risque indépendant pour le développement d’altérations cognitives. La recherche a montré que la consommation régulière de café apporte des bénéfices cognitifs chez les individus en bonne santé.
Toutefois, les données concernant de possibles bénéfices de la consommation de café sur le déclin cognitif chez des patients vulnérables restent controversées. Une étude helvético-canadienne vient d’être réalisée chez 2415 personnes âgées de plus de 65 ans souffrant de FA appartenant à la « Swiss‐AF study cohort » entrées dans l’étude entre 2014 et 2017.
L’étude a relevé la consommation quotidienne de café à l’aide d’un questionnaire structuré sur la nutrition et la fonction cognitive a été évaluée à l’aide d’une batterie de tests neurocognitifs, incluant le « Montreal Cognitive Assessment », le « Trail-Making Test », la fluidité sémantique, et le « Digit-Symbol-Substitution Test ». Le score cognitif combine les données de tous les tests neurocognitifs mentionnés et aboutit à un indicateur de la performance cognitive. La hs-CRP (protéine C-réactive de haute sensibilité) et l’IL-6 (interleukine-6) ont été mesurées afin d’explorer une possible association avec l’inflammation. Les résultats ont été obtenus après ajustement pour les facteurs de confusion.
Les patients âgés consommateurs de moins d’une tasse de café par jour (groupe de référence) atteignent un score cognitif combiné de -0,24 alors que le groupe consommant le plus de café au quotidien, soit au moins 5 tasses par jour, atteint un score cognitif combiné de -0,10 ce qui manifeste une amélioration par rapport au groupe de référence. Le score du « Montreal Cognitive Assessment » dans le groupe de référence est de 24,58 et ce score est amélioré pour atteindre 25,25 dans le groupe de patients ayant une consommation élevée de café. Dans le groupe consommant 5 tasses comparé au groupe consommant moins d’une tasse de café, les marqueurs d’inflammation diminuent de 22 % pour l’hs-CRP et de 27 % pour l’IL-6.
En conclusion, la consommation de café chez les patients âgés souffrant de FA est associée à une amélioration de la performance cognitive qui s’accroît de manière dose-dépendante pour une consommation comprise entre 1 et 5 tasses de café/jour. Le café induit aussi une réduction des marqueurs de l’inflammation. D’autres études s’avèrent nécessaires pour confirmer la consommation optimale quotidienne de café (apparaissant ici de l’ordre de 3 à 5 tasses par jour) dans cette population âgée souffrant de FA. En tout état de cause, il semble contre-productif de décourager la consommation de café dans cette population.
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