Une équipe espagnole a émis l’hypothèse que l’état de santé de la population influerait sur la consommation de café et non l’hypothèse inverse. Les auteurs ont montré que la détérioration de l’état de santé est associée à une réduction de la consommation de café.
Un travail espagnol a exploré si une partièe des effets bénéfiques du café rapportés dans les études d’observation pourrait être liée à l’état de santé de la population étudiée qui influencerait la consommation de café plutôt que l’hypothèse inverse.
Les auteurs ont étudié 718 consommateurs de café âgés d’au moins 60 ans recrutés dans la cohorte Seniors-Estudio de Nutrición y Salud Cardiovascular en España (ENRICA) en 2008-2010 (vague 0) avec un suivi en 2012 (vague 1), 2015 (vague 2), et 2017 (vague 3). L’état de santé de cette cohorte a été évalué à l’ide d’un index d’accumulation de déficit (IAD) constitué de 52 items dans 4 domaines : fonctionnalité, santé/vitalité auto-évaluées, santé mentale, et morbidité/usage des services de santé. La consommation de café a été estimée à l’aide d’un questionnaire nutritionnel validé. Les auteurs ont examiné comment les changements de l’état de santé sur 3 ans (vague 0 à vague 1) avaient influencé l’absence de consommation de café sur les 5 années suivantes (vague 1 à vague 3).
La détérioration de l’état de santé sur 3 ans était associée à une fréquence plus élevée d’absence de consommation régulière de café pendant les 5 années suivantes (OR ajusté = 1,48 pour l’augmentation de 1-SD dans l’IAD ; IC 95 % : 1,17-1,87). La détérioration fonctionnelle (OR = 1,38 pour l’augmentation de 1-SD ; IC 95 % : 1,06-1,81) et la santé mentale (OR = 1,34 pour l’augmentation de 1-SD ; IC 95 % : 1,04-1,73) étaient les domaines de l’IAD les plus nettement associés à la cessation de la consommation de café. De même, les individus ayant une perception de la diminution de leur état de santé ou avec un diagnostic d’hypertension étaient plus susceptibles de cesser de consommer du café. Les auteurs n’ont trouvé aucune association avec le café décaféiné.
L’implication potentielle de ce travail pourrait être qu’une part des effets bénéfiques du café sur la santé pourraient être dus à une causalité inverse dans les études d’observation. Ces observations nécessitent d’être confirmées par d’autres études. De plus, les auteurs n’ont pas mentionné la consommation de café initiale et son lien potentiel avec le changement observé. Celui-ci atteint-il préférentiellement les faibles ou les grands consommateurs ?
Pour en savoir plus :
Ortola R et al. Health Decline Is Associated with Reports of No Coffee Consumption Years After Reporting Coffee Consumption Among Older Adults in Spain. J Nutr 2020 ; 150 : 1916-23.