Le « Scientific Report of the 2015 Dietary Guidelines Advisory Committee » américain, publié en février dernier, a évalué les éventuels bénéfices et risques d’une consommation habituelle de caféine et de café, à partir de revues systématiques et méta-analyses publiées entre 2000 et 2014.
Cette analyse conclut à une absence de risque pour la santé, en particulier de risque de maladies cardiovasculaires, pour une consommation modérée de caféine allant jusqu’à 400 mg/j ou 3 à 5 tasses de café/jour.
Quelles conclusions ?
Une diminution de la mortalité toutes causes confondues
• Il existe une relation inverse entre la consommation de 1 à 4 tasses de café par jour et la mortalité toutes causes confondues, pour les hommes comme pour les femmes.
Le risque de mortalité diminue de 3 à 4 % pour chaque tasse de café bue par jour.
De plus, des études retrouvent une relation inverse significative entre la consommation de café et la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires. Cet effet est plus marqué chez les femmes (risque réduit de 16 %) que chez les hommes (risque réduit de 8 %).
• Aucune association n’a été retrouvée pour la mortalité par cancer.
• Cet effet favorable sur la mortalité semble lié aux composés du café autres que la caféine.
Pas de risque cardiovasculaire
L’effet de la consommation à long terme de café sur le risque de maladies cardiovasculaires a été évalué par une méta-analyse de 36 études prospectives.
• Le risque de maladie cardiovasculaire est diminué avec une consommation modérée, comprise entre 3 et 5 tasses. Au-delà, l’étude n’indique ni risque accru, ni effet protecteur. Une consommation modérée de café normal (mais pas de café décaféiné) est associée à un risque moindre de 12 % de maladies cardiovasculaires.
• Les résultats sont identiques pour le risque d’AVC ischémique. Une étude montre une réduction du risque de 8 à 13 % pour une consommation de 1 à 6 tasses/jour.
Aucune association n’a été notée pour les AVC hémorragiques.
• L’effet du café sur les maladies coronariennes est moins clair, les études donnant des résultats contradictoires (pas d’effet ou réduction du risque).
• Aucun lien n’est retrouvé entre une consommation régulière de plus de 3 tasses de café par jour (vs 1 tasse/j) et l’hypertension. Cependant, chez les sujets hypertendus, une augmentation transitoire de la pression artérielle a été rapportée.
• La consommation de café n’augmente pas le risque de fibrillation auriculaire (FA).
Une consommation équivalant à moins de 350 mg de caféine réduirait même le risque de FA.
• Les effets sur les lipides se limitent au café caféiné non filtré (pas le décaféiné).
Une réduction du risque de diabète de type 2
• La consommation de café est associée à un risque réduit de diabète de type 2 de façon dose-dépendante, jusqu’à 33 % pour les personnes qui en consomment 6 tasses par jour.
Chaque tasse de café bue apporterait une diminution du risque de 7 %, selon une étude.
• Cet effet protecteur ne serait pas uniquement dû à la caféine, mais aussi aux autres constituants du café.
• La consommation de caféine (200-500 mg/j) a également un effet métabolique favorable chez les diabétiques de type 2.
Selon les cancers, une diminution du risque ou une absence d’impact
• Parmi les nombreuses études portant sur l’effet du café sur le cancer, ce groupe d’experts américains conclut à un effet favorable d’une consommation modérée de café sur le risque de cancer du foie et de l’endomètre, avec un bon niveau de preuve. Pour les autres cancers, il note une diminution légère du risque ou une absence de risque.
L’action du café sur le foie est le plus connu et le plus marqué.
Le risque de carcinome hépatocellulaire diminue de 40 % par tasse de café consommée (vs une non consommation).
Un effet favorable sur la cognition, une diminution du risque de Parkinson
• La consommation de caféine a un effet limité sur le risque de déclin cognitif (mais avec un effet plus marqué chez les femmes), et un effet plus net sur le risque de maladie d’Alzheimer.
• En revanche, la relation inverse entre caféine et risque de maladie de Parkinson est bien établie, avec une réduction maximale pour environ 3 tasses de café par jour. Chaque dose de 200 mg de caféine diminue le risque de 17 %.
Grossesse : limiter la dose de caféine
• Une consommation modérée de caféine chez les femmes enceintes, inférieure ou égale à 300 mg/jour, n’est pas associée à un risque de naissance prématurée.
• Avec des doses plus élevées, restant dans les limites d’une consommation modérée, le risque de fausse couche, de petit poids ou de petite taille de naissance semble limité, mais implique la prudence.
Les points à approfondir
Les experts recommandent :
• des études complémentaires sur les populations vulnérables (en particulier les femmes enceintes), sur les effets sur le sommeil, la qualité de vie, la dépendance ;
• des études prospectives sur les différents types de cancer, ainsi que sur la cognition, les maladies neurodégénératives et la dépression ;
• mais aussi des recherches permettant de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans les effets protecteurs du café dans le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies neurodégénératives et la dépression.
Référence
Scientific Report of the 2015 Dietary Guidelines Advisory Committee. Part 4, Chap 5: Food sustainability and safety usual caffeine consumption and health.