La cirrhose du foie est due à différentes causes : consommation élevée d’alcool, infection par l’hépatite B (fréquente en Asie) ou C, stéatose non alcoolique (NAFLD) liée à l’obésité et au diabète entre autres. La cirrhose est responsable de 800 000 décès dans le monde, chaque année. Une équipe de chercheurs a étudié l’association entre la consommation de différentes boissons et la mortalité due à la cirrhose parmi la cohorte Singapore Chinese Health Study.
Cette cohorte comprend 63 257 personnes, âgées de 45 à 74 ans, et suivies pendant en moyenne 14,7 ans. Leurs habitudes de consommation de café, de thé noir et vert (les 3 principales sources de caféine dans cette population), mais aussi de jus de fruit et de boissons non alcoolisées ont été renseignées grâce à un questionnaire. Les auteurs ont dénombré 114 cas de décès dus à une cirrhose. Parmi eux, 29 % ont été causés par une hépatite B chronique, 2 % par une hépatite C et 12 % par une consommation d’alcool élevée.
Cette étude montre que la mortalité due à la cirrhose est réduite de 37 % chez les consommateurs d’au moins 1 café par jour (HR = 0,62, IC 95 % = 0,40-0,97). Aucune association n’a été retrouvée entre les autres boissons et la mortalité due à la cirrhose.
En distinguant les cas de cirrhoses virales et non virales, les chercheurs ont observé une relation inverse, dose-dépendante, entre le nombre de tasses de café consommées et le risque de décès par cirrhose non virale (p = 0,001). En comparaison avec les consommateurs occasionnels de café, ceux qui boivent 1 ou plus de 2 tasses de café par jour ont un risque de décès par cirrhose (non due à une cause virale) respectivement réduit de 39 % et 66 % (p = 0,013).
La consommation de café est associée à un risque significativement réduit de décès par cirrhose du foie, en particulier dans les formes n’ayant pas été causées par une hépatite virale. La caféine ne semble pas être responsable de cet effet. Le thé (vert ou noir) et d’autres boissons non alcoolisées n’ont pas montré d’effet protecteur contre les cirrhoses de toute origine.
Les auteurs émettent l’hypothèse que les bénéfices du café sur la progression des maladies du foie sont dus à ses effets sur le stress oxydatif et sur la lipotoxicité, liés à l’alcool ou au NAFLD, non présents en cas d’infection par hépatite B. Ce serait donc les propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires du café qui seraient en jeu.
Pour en savoir plus
Goh GB, Chow WC, Wang R et al. Coffee, alcohol and other beverages in relation to cirrhosis mortality: The Singapore Chinese Health Study. Hepatology 2014 ; 60 : 661-9.