Les femmes qui ont des problèmes vasculaires (infarctus du myocarde, AVC ou AIT, angine de poitrine symptomatique) ont un risque accru de déclin cognitif rapide. Afin de déterminer si la consommation de café pouvait influer sur ce risque, des équipes françaises et américaines ont étudié 2 475 femmes âgées d’au moins 65 ans appartenant à la cohorte Women’s Antioxidant Cardiovascular Study caractérisée par des maladies cardiovasculaires prévalentes ou au moins 3 facteurs de risque coronaire (histoire parentale d’infarctus prématurée, diabète, hypertension, hyperlipidémie, ou indice de masse corporelle ≥ 30 kg/m2). Cette cohorte est un essai randomisé sur l’effet des antioxydants et des vitamines du groupe B pour la prévention secondaire des maladies cardiovasculaires.
Les auteurs ont contrôlé régulièrement la prise de caféine à l’entrée dans l’étude (1995–1996) à l’aide d’un questionnaire de fréquence de prise alimentaire validé sur 116 items. De 1998-2000 à 2005-2006, les auteurs ont procédé à quatre évaluations cognitives par téléphone à intervalles réguliers de deux ans qui ont porté sur la cognition globale, la mémoire verbale, et l’aisance à catégoriser. Les auteurs ont utilisé la Telephone Interview of Cognitive Status (TICS), une adaptation téléphonique de la Mini-Mental State Examination (0 à 41 points). Les variations dans les taux de déclin cognitif en fonction des quintiles de prise de caféine ont été ajustées pour les différences socio-démographiques, la santé, et le style de vie.
Les auteurs ont observé des vitesses de déclin cognitif significativement plus réduites avec l’augmentation de la prise de caféine (p-tendance = 0,02). La différence dans le taux de déclin cognitif entre les femmes avec les quintiles de prise de caféine le plus élevé (> 371 mg/jour) et le plus faible (< 30 mg/jour) était équivalente au déclin cognitif observé sur 7 ans dans un même groupe (p = 0,006). La consommation de café caféiné était reliée de manière significative à un déclin cognitif plus modéré (p-tendance = 0,05), mais ce n’était pas le cas des autres produits contenant de la caféine (thé, cola, chocolat). Les analyses d’interaction ont montré une association plus marquée chez les femmes supplémentées en vitamine B (p-interaction = 0,02).
En conclusion, il apparaît donc qu’y compris chez les femmes à risque vasculaire élevé, la consommation de caféine est reliée à un maintien significativement meilleur de la performance cognitive étudiée sur 5 ans.
Pour en savoir plus
Vercambre MN, Berr C, Ritchie K et al. Caffeine and cognitive decline in elderly women at high vascular risk. J Alzheimers Dis 2013 ; 35 : 413-21.